dimanche 10 juillet 2016

20160710 - News : « Cela ne signifie pas qu'ils n'aiment pas la France » - Le Parisien

« Cela ne signifie pas qu'ils n'aiment pas la France » - Le Parisien

El Yamine Soum, sociologue

Auteur de l'ouvrage « la France que nous voulons », ce sociologue n'est guère surpris de voir autant de Français d'origine portugaise soutenir le pays de leurs parents plutôt que les Bleus.



Pourquoi ces Français d'origine portugaise préfèrent la Selecçao à l'équipe de France ?

EL YAMINE SOUM. C'est un phénomène assez classique de mystification des origines. Cela ne signifie pas qu'ils n'aiment pas la France ou qu'ils ne se sentent pas français. Il ne faut pas opposer les identités. La France et le Portugal font partie de ce qu'ils sont. Sportivement parlant, certains seront déchirés dimanche soir. D'autres ont choisi le pays de leurs parents. Cela relève du symbolique.



D'où vient ce besoin d'afficher ses origines ?

Aujourd'hui, la mondialisation facilite les mouvements, les échanges. Mais les hommes se ressemblent aussi de plus en plus. On mange la même chose, on s'habille pareil, on écoute la même musique. Dans ce contexte, on ressent parfois le besoin d'affirmer sa petite différence. On va se rattacher à ce petit bout de culture qui nous est propre.



Est-ce du communautarisme ?

Je préfère parler d'esprit communautaire, qui est d'abord une préoccupation des premières générations pour que leur culture ne se perde pas, un enjeu de transmission. D'ailleurs, le Portugal est une vraie nation de football. Ces gens-là ont sûrement été initiés, socialisés au ballon par leur père, leurs oncles, leurs cousins qui leur ont transmis cet attachement à l'équipe nationale.



Cette préférence est-elle comprise en France ?

Certains Français peuvent en être surpris. « Ah bon, tu es né en France mais tu ne soutiens pas les Bleus ? Tu n'aimes pas la France, alors. » Il y a souvent des questions ou des remarques de ce genre. Le reste de l'année, cet attachement n'est pas mis en avant. C'est lors d'un tournoi comme celui-là qu'on voit les drapeaux, la préférence d'un tel. Si c'est parfois mal compris, c'est aussi parce que les Etats-nations figent les identités. Encore plus dans le modèle français d'assimilation où c'est une langue, une nation, une culture. Or, les identités évoluent, se mélangent. On est français et portugais. On peut soutenir les Bleus ou la Selecçao.
  Le Parisien
 

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