Tous les jeux vidéo ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL) rappelle ce message en insistant sur sa valeur éducationnelle: « Il y a un âge pour tout. Il y a un jeu pour tous les âges ».
Le jeu vidéo est un loisir pour les enfants, mais aussi pour les enfants qui ont grandi. Le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL) insiste sur le caractère adulte de certains titres. Et la nécessité pour les parents de contrôler ce à quoi leurs enfants jouent.
Depuis 2003, la norme européenne PEGI informe les acheteurs sur le degré de violence ou d'outrance contenu dans un jeu vidéo. La nomenclature a été reconnue en 2014 par l'Assemblée nationale. A l'occasion de la Paris Games Week (qui continue jusqu'à ce lundi au soir au Parc des expositions de Paris), BFMTV.com a rencontré Emmanuel Martin, délégué général du SELL et directeur du salon pour faire le point sur les difficultés inhérentes à la transformation du jeu vidéo en loisir de masse mature.
> Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils mis autant de temps à s'emparer du problème de la classification des jeux vidéo?
Nous avons toujours eu le soutien des pouvoirs publics. PEGI est un système européen appliqué dans 38 pays. Dans certains, il est inscrit dans la loi, dans d'autres, c'est différent. C'est un système d'autorégulation créé par l'industrie et les pouvoirs publics sont toujours curieux de voir comment ça marche. Il faut vraiment prouver sa légitimité et montrer que la régulation fonctionne de manière indépendante. PEGI l'a fait rapidement et a été très vite cité par la Commission européenne comme quelque chose d'extrêmement cohérent et précieux.
En France on a eu très tôt le soutien du CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel). Mon prédécesseur était un ancien du CSA, donc les liens ont été tissés très vite. Depuis 2012, un membre du CSA, qui est actuellement Nathalie Sonnac représente la France au Conseil de PEGI.
En 2008, le ministère de l'Intérieur, un service qui ne connaît pas bien l'industrie du jeu vidéo, a promulgué pendant l'été un décret et une signalétique franco-française sans avoir pris conscience qu'il y avait une signalétique mise en place au niveau européen. On dû faire effacer ce décret ce qui n'est pas évident à faire. Ça a débouché sur une nouvelle écriture de la loi sur la protection des mineurs en 2014 dans la loi de simplification administrative de Benoît Hamon, ce qui entraîné l'homologation de PEGI par le ministère de l'Intérieur en décembre 2015.
> Comment ça marche? Si mon enfant de 12 ans veut acheter un jeu interdit au moins de 16 ans, pourra-t-il le faire?
PEGI est un conseil, ce n'est pas une obligation. Votre enfant pourra le faire. Le problème des jeux vidéo c'est que les canaux de diffusion sont tellement importants, qu'on se doute que l'interdiction n'aura pas grand effet. Lors du passage à la caisse en grande distribution les jeux sont souvent achetés par des familles, donc la caissière ne va pas vérifier l'âge de chaque personne, il y a aussi beaucoup de dématérialisé (vente via Internet, NDLR)...
Donc, la réflexion qu'on a eu, c'est si on ne peut pas contrôler le point de vente, il faut sensibiliser les familles. Il y a une raison toute simple à cela qui est que 55% des jeux sont achetés par des adultes pour être offerts aux enfants. Il y a beaucoup de parents, de grands parents pour qui le jeu vidéo reste du domaine de l'enfance. Ils ne se rendent pas compte que l'âge moyen des joueurs c'est 34 ans et on se retrouve dans la situation où un papy ou une mamie vont offrir l'équivalent d'un Stephen King à un gamin de 12 ans.
> L'université Grenoble-Alpes a récemment montré dans une étude des correspondances entre une baisse des résultats scolaires, voire une désocialisation, et une addiction aux jeux vidéo. Qu'en pensez-vous?
Aujourd'hui, on a aucune étude scientifique, épidémiologique qui montre une quelconque addiction aux jeux vidéo. L'académie des sciences refuse le terme d'addiction, et parle de jeu excessif. Quand on discute avec Marc Valleur, du service d'addictologie au centre Marmotan, avec Jean-Marc Bottero, de France addictions, ils nous indiquent que les familles sont en train d'apprivoiser le jeu vidéo.
Mais effectivement, certains adolescents se réfugient dans le jeu vidéo parce qu'ils ont d'autres soucis. C'est un refuge, mais le jeu vidéo en lui-même n'est pas une substance addictive. On a des millions de joueurs aujourd'hui et seulement quelques dizaines de cas qui se sont effectivement perdus dans le jeu vidéo.David NAMIASJournaliste
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