A l'occasion de la 44ème édition du Festival international de la bande dessinée, les voyageurs du train 8407 participent à un jeu autour du Prix SNCF du Polar.
Il est 8h46 lorsque j’embarque à bord du «train du Polar» ce jeudi 26 janvier. Le TGV Paris Montparnasse-Bordeaux accueille chaque année depuis huit ans des animations autour du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Pour le premier jour de l’événement, c’est autour du Prix Fauve SNCF (qui récompense la meilleure bande dessinée polar) que le train s’agite.
«Pour ce prix, c'est le public qui vote»
A bord, des papiers et des stylos sont disposés sur chaque siège. Au programme, une énigme à résoudre au long du voyage. Dans la voiture 11, je rencontre Frédéric Prilleux, spécialiste de la BD policière et membre de la sélection du Prix SNCF du Polar. Il me donne son avis sur la sélection 2017: «Les BD sont diverses par leurs univers graphiques et par leurs histoires mais pour ce prix c’est le public qui vote, nous on propose juste les œuvres», explique-t-il. Je sens tout de même une petite préférence pour «L’été diabolik», qu’il décrit comme «une œuvre à l’histoire rocambolesque à travers des couleurs détonantes.» C'est d'ailleurs cet album, réalisé par Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen, qui a finalement remporté le Prix Fauve SNCF 2017.
J’avance dans la rame et je croise le chemin de Jean-François, responsable des animateurs à l’énergie débordante. Aujourd’hui, et à bord du train de la BD, il est bénévole, mais d’habitude il porte une toute autre casquette: «J’anime les rames du train du Polar depuis quatre ans et j’adore faire ça. Sinon, je suis coordinateur sécurité et je travaille à la SNCF depuis 18 ans maintenant», raconte-il vêtu de son chapeau d’enquêteur.
Jean-François me décrit l’ambiance dans ce train un peu spécial: «Avec les autres animateurs, on essaye de créer la surprise chez les voyageurs. On passe dans les rames pour leur proposer de participer au jeu mais on ne vend rien. On leur propose juste une escapade culturelle au cours de leur trajet. On discute avec eux et l’ambiance est chaleureuse, c’est un vrai plaisir.» Alors que nous avançons dans la rame, il me raconte l’une de ses anecdotes préférées: «Une fois, dans un train comme celui-ci, une voyageuse m’a dit qu’elle regrettait que le train n’ait pas de retard», s’amuse-t-il. Les neuf animateurs (un par voiture) déambulent eux aussi pour proposer aux passagers de participer à l’énigme et de tenter de remporter des cadeaux.
Yoann en visite dans la voiture restaurant
Direction la voiture bar où l’ambiance bat son plein. Editeurs, visiteurs et animateurs cherchent ensemble les réponses aux sept questions posées par le jeu. Un artiste, mandaté par la SNCF, constelle des feuilles disposées sur les murs et les vitres de motifs empruntés à l'univers de la BD. Le but est de donner des indices supplémentaires aux participants. C’est là qu’un passager de renom s’approche de lui: Yoann, l’un des auteurs de Spirou. Emu, le dessinateur du train échange quelques mots avec son idole. 500 personnes sont à bord, mais toutes ne vont pas à Angoulême. C’est le cas de l’un des participants à «l’énigme du TGV»: Benjamin, qui se rend à Poitiers. Penché sur sa feuille, le voyageur tente de trouver la réponse finale à l’énigme: «L’initiative est très sympathique, cela permet de passer le temps tout en apprenant des choses», commente-t-il.
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Quelques minutes plus tard, une annonce vocale retentit. C’est Jean-François: «Rendez-vous à la voiture bar pour le tirage au sort». Il est 10h15. Tout au long de cette deuxième partie du voyage, c’est quatre personnes qui, toutes les 30 minutes, remporteront l’une des BD en compétition pour le Prix Fauve SNCF. «On est vraiment au contact des passagers et l’esprit de la BD est là. Les clients sont contents et nous le disent», explique Stéphanie, l’une des animatrices. En plus des cheminots bénévoles, quelques animateurs extérieurs sont rémunérés pour l’occasion. C’est le cas de Maxime: «C’est la première fois que je participe à ce genre d’événement, je joue le jeu et c’est enrichissant d’échanger avec les voyageurs sur les énigmes.»
Des cadeaux et des rencontres
En voiture bar, les voyageurs discutent, répondent aux questions et certains empoignent même les feutres pour dessiner sur les feuilles disposées sur les rames. Une voix enjouée retentit, nous venons de passer Poitiers: «Bienvenue à bord du TGV du Polar, nous vous invitons à rejoindre la voiture bar.» Désormais, les dessins sont tous différents les uns des autres, les univers se croisent à l’image des voyageurs de la voiture restaurant de ce jeudi matin. Accoudé au bar, Aymeric discute avec ses collègues. Editeur chez Bayard, c’est sa douzième édition du Festival, il raconte: «Je prends toujours ce train qui permet d’arriver assez tôt à Angoulême. Le Festival débute véritablement ici, dans le train. J’ai déjà rencontré des auteurs dans les rames avec qui nous avons échangé. Il y a une atmosphère spéciale et un bouillonnement intellectuel certain, comme dans le salon.»
Bienvenue à bord du train du Polar direction... par jade-coulissessncf
Jean-François repasse dans la voiture: «Je vais donner le cadeau en voiture 13». Assise à sa place, Annie se voit remettre l’une des BD en lice pour le Prix Fauve SNCF: «Prof. Fall» de Ivan Brun et Tristan Perreton. Tout le monde applaudit. Jean-François discute avec Annie pendant quelques minutes. Il est maintenant 11h25 et le train entre en gare d’Angoulême. Samedi, un autre train du Polar, cette fois autour du Prix SNCF du Polar est parti de la gare Montparnasse pour Angoulême. Les voyageurs y ont cette fois visionné les courts métrages en compétition sur des tablettes distribuées par les animateurs et lu des BD primées. A bord, Jean-François et son équipe ont de nouveau fait vivre aux voyageurs le Festival… En mouvement.
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