mercredi 8 février 2017

20170208 - News : Dave Gahan : "Spirit", le nouvel album de Depeche Mode - Exclu - Rolling Stone

Dave Gahan : "Spirit", le nouvel album de Depeche Mode - Exclu - Rolling Stone



Dave Gahan, le lead singer de Depeche Mode, revient en exclusivité pour Rolling Stone, sur la création de «Spirit», leur nouvel album, à paraître le 17 Mars

 Nous sommes dans une période de grands changements. Plus je vieillis, plus je suis touché par ce qu’il se passe dans le monde. Je pense à mes enfants et au monde dans lequel ils vont grandir. Ma fille, Rosie, a été très affectée par la présidentielle américaine de l’an dernier… Elle en a pleuré et moi, je me suis dis « Waouh »…« 

Même s’il partage avec nous ses craintes sur l’état du monde, il est de bonne humeur et porte un regard objectif sur lui-même. «Martin [Gore] et moi vivons aux Etats-Unis alors nous sommes tous deux très affectés par ce qu’il se passe ici. Martin m’a dit «Je sais que pour certaines personnes, cela peut ressembler à des propos de rockstars nanties qui vivent dans leurs grandes villas de Santa Barbara sans se soucier du reste de la planète, et c’est vrai que nous avons de la chance. Mais cela ne veut pas dire qu’on se fiche de ce qu’il se passe dans le monde. Cela me touche vraiment ». Et je lui ai répondu : ‘Je comprends. Je ressens la même chose.»

Depeche-Mode-album-cover-rgb-5x5-1024x1024Ce sentiment d’inquiétude a habité Gahan et le reste du groupe pendant l’écriture de Spirit, leur prochain album à paraître le 17 mars prochain. La majorité des 12 chansons de ce nouvel LP traitent directement du malaise général et de la souffrance actuelle.

 «Je ne dirais pas que c’est un album politique, dit Gahan, parce que je n’écoute pas de la musique de façon partisane. Mais c’est clairement un album sur l’humanité et notre place sur Terre».

Il dénonce dans Spirit les fanatiques qui «nous font revenir des siècles en arrière», en appelle au changement dans «Where’s the Revolution ?» (« Qui prend vos décisions, chante t-il, vous ou votre religion ? » et se lance dans une introspection dans « Poison Heart ». Musicalement, ces chansons ont une teinte sombre et des textures complexes, des sonorités à la fois glaciales et chaudes, rappelant la période de l’album Violator, tout en restant dans la continuité de leur dernier opus sorti en 2013, Delta Machine.

Gahan et Gore se sont rendus compte très tôt qu’ils avaient le même regard sur les événements internationaux, alors qu’ils entamaient les premières séances de le nouvel album l’an dernier avec leur acolyte Andy Fletcher. Cette vision partagée leur a permis de dégager une ligne directrice. « Nous avons choisis le titre Spirit parce qu’on s’est demandé : « Où est passé notre esprit, notre énergie ? Où est passé notre sentiment d’humanité ? dit Gahan. Nous avions envisagé de prendre le titre Maelstrom mais ça sonnait trop heavy métal. ».

« On s’est vraiment engueulés, dit Gahan en riant, c’était très chargé en émotions »

Ils ont fait appel au producteur James Ford, qui les avaient impressionnés par son travail pour Florence and the Machine, Artic Monkeys et Simian Mobile Disco. Ford a aidé les musiciens rester sur la même longueur d’onde. A part quelques petits désaccords entre Gahan et Gore, réglés par Ford (« On s’est vraiment engueulés, dit Gahan en riant, c’était très chargé en émotions »), l’enregistrement de l’album a été plutôt facile et rapide, avec des séances réalisées au studio de Gore à Santa Barbara et d’autres à New York.

Le groupe sort son premier single, signé par Gore, « Where’s the Revolution ». Ce lent crescendo, porté par des vagues de synthés, agit comme un appel aux armes (renforcé par la question posée par le titre) sur lequel Gahan chante « The train is coming/Get on board » (le train arrive, montez à bord). « Martin l’a écrit dans un esprit très sarcastique, très British », dit Gahan.

Si nous voulons que les choses changent, qu’il y ait une révolution, nous devons en parler et partager nos préoccupations

Cet état d’esprit se retrouve dans un autre titre de Spirit, « BackWards ». Au début, Gahan chante «We are the bigots/we have not allowed/We have no respect. We have lost control – Nous sommes des fanatiques/ Nous n’avons pas autorisé cela/ Nous n’avons aucun respect/Nous avons perdu le contrôle). Et, il enchaîne sur une critique de ceux «qui ont une mentalité d’hommes des cavernes » et de ceux qui ne « ressentent plus rien à l’intérieur», au milieu de vagues jaillissantes de claviers et d’une rythmique percussive accompagnée par les chœurs de Gore. «Si nous voulons que les choses changent, qu’il y ait une révolution, nous devons en parler et partager nos préoccupations, estime Gahan. Cela ne semble pas être le cas à Londres. On a l’impression de partir totalement dans une autre direction et je pense que Martin ressentait le besoin d’exprimer cela».

Ce thème se retrouve également dans une autre chanson composée par Gore, «So Much Love», un titre plus enjoué, porté par des sons électros, qui parle de la révélation de l’amour que nous portons tous en nous-mêmes. «Nous avons tous tellement d’amour en nous, nous en avons réellement mais nous avons peur de nous en servir», dit Gahan. «C’est le vieux de truc de John Lennon, Love & peace, mec».

C’est l’exact opposé de la ballade « Poison Heart », un titre particulièrement accrocheur et euphonique, concocté avec le batteur du groupe, Christian Eigner et leur claviériste, Peter Gordeno. «Ils m’ont envoyé la ligne de guitare et elle avait un peu le style soul des Muscle Shoals Studios, dit Gahan, c’était très différent et la mélodie me trottait dans la tête ». La chanson débute par une lente marche funèbre, dans la lignée de « I Put a Spell on You »  de Screanmin’Jay Hawkins et se construit ensuite sur un pont Beatlesien avec seulement un zeste de guitare saturée. Gahan, qui parle de Gore comme «n‘étant pas très causant quand il s’agit de parler des chansons des autres», affirme que Gore a dit que «Poison Heart» était la meilleure chanson que Gahan ait jamais composée. «You have poison in your heart/Tu as du poison dans ton cœur» fredonne-t-il au tout début de la chanson. Et un peu après, il chante «You know it’s time to break up/You’ll always be alone/ Tu sais qu’il est temps de se séparer/Tu resteras toujours seul» mais Gahan assure que ce n’est pas une chanson de rupture.

La chanson ‘Cover me’ exprime également, mais d’une autre façon, cette thématique. Gahan l’a décrite comme étant une chanson à histoire. «Cela parle d’une personne qui voyage sur une autre planète et qui se rend compte que, malheureusement, tout se passe exactement comme sur la terre. Il ne peut pas échapper à lui-même. S’il veut que les choses changent, c’est à lui de réaliser des changements».

« Nos fans et les gens comme nous forment un clan qui, peut être, ne se sentent pas à l’aise en société. On est un peu maladroits, ringards, un peu différents. On s’est tous retrouvés et on a formé une bande.»

Gahan s’enthousiasme le plus sur la tournée européenne car la plupart des concerts sont presque complets avant même que le nouveau single n’ait été dévoilé. «On a passé tellement d’années à nous battre pour se faire écouter et respecter, avance-t-il. Quelques critiques de nos albums passés ont été très sévères. Et tu te dis, au final “Oh, ces gens ne nous comprennent pas. Ils n’y comprennent rien.”» Mais au fil des 40 dernières années, Depeche Mode a réussit à fidéliser une importante base de fans« Nos fans et les gens comme nous forment un clan qui, peut être, ne se sentent pas à l’aise en société. On est un peu maladroits, ringards, un peu différents. On s’est tous retrouvés et on a formé une bande.» Il rit, l’air fier. «C’est plutôt une grande bande maintenant».

Traduit et adapté par Alma ROTA

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