14 ans, c'est l'âge moyen du premier visionnage d'une vidéo pornographique. Selon un sondage de l'Ifop publié lundi 20 mars, un adolescent sur deux, en majorité les garçons, a déjà visionné une vidéo pornographique, la plupart du temps sur son téléphone portable. Rien de très étonnant jusque là, les études à ce sujet revenant régulièrement à la une de l'actualité.
Seulement,
ce sondage nous apprend que si près d'un garçon sur deux (48%) et plus d'une fille sur trois (37%) estiment que la pornographie a participé à l'apprentissage de leur sexualité, il apparaît que 44% des adolescents ayant déjà eu des rapports sexuels ont
reconnu avoir essayé de reproduire des scènes ou pratiques vues dans des films.
Cette pratique pose de sérieuses questions, tant les conséquences d'une consommation précoce de pornographie entraîne notamment une
représentation erronée de la sexualité et également des
troubles de l'érection.
Décalage entre fiction et réalité
En s'éduquant sexuellement à travers la consommation de porno, cela a pour conséquence directe de créer une représentation biaisée de la sexualité et des rapports entre hommes et femmes. "Les rapports entre hommes et femmes y sont faussés : les hommes sont des dominateurs toujours capables de donner du plaisir et les femmes des créatures toujours prêtes à dire oui !", a expliqué Claude Rozier, sexologue et médecin de l’Education nationale, au magazine
Psychologie.
De même, la plupart du temps, le porno met en scène des corps et des comportements qui n'existent pas dans la réalité.
"Culte du corps, taille du pénis, durée et pratiques extrêmes confèrent aux pratiques sexuelles une dimension "no limit" qui peut bouleverser la conception de la sexualité dans la vie des couples", détaille la sexologue clinicienne Magali Croset-Calisto dans une tribune publiée sur le
Huffington Post. Dès lors, la frontière entre fiction et réalité s'estompe au fur et à mesure que la consommation de porno augmente. Résultat, les hommes sont de plus en plus nombreux à se tourner vers des consultations spécialisées pour
addiction sexuelle, renchérit la sexologue qui parle de
"fascination" ou encore de
"sidération précoce".
Perte de libido
Ce constat selon lequel la consommation excessive de vidéos pornographiques fausse la réalité a été étayé par le Docteur Frédéric Saldmann, cardiologue et spécialiste des questions de santé le weekend sur RTL. "Lorsque des hommes regardent trop de porno, ils idéalisent une sexualité qu'ils ne pourront jamais atteindre. Ils souffrent de la comparaison avec les acteurs. Ils rentrent ainsi dans un monde fictif et la réalité, à côté du film, est toujours médiocre",
a-t-il expliqué au micro de RTL au mois de février.
Si le porno a des conséquences négatives sur la sexualité de par des représentations erronées, il entraîne également une
perte de la libido et des troubles de l'érection. Selon une étude publiée en 2013 dans le
Journal of sexual medicine, 25% des hommes de moins de 40 ans présentent des troubles de l'érection. Une statistique que la sexologue Magali Croset-Calisto attribue en partie à la consommation de porno à outrance. "Une consommation excessive de porno peut engendrer une dépendance accompagnée d'un effet de tolérance, lequel provoque une angoisse de performance fréquente chez les hommes face à l'enjeu de "tenir dans la durée"", a-t-elle illustré.
Des constats qui appellent à la plus grande prudence quant à la consommation de porno et particulièrement pour les plus jeunes qui construisent leurs représentations de la sexualité à travers des images biaisées et irréalistes. Une problématique dont s'est déjà saisie la ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol, qui a annoncé lundi 20 février qu'elle souhaitait
interdire l’accès des mineurs aux sites Internet qui diffusent ces images pornographiques.
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