samedi 20 février 2016

20160220 - News : Fiscalité, agriculture, migrations… : l’Europe éclate en silence : Politiquement chaud

Fiscalité, agriculture, migrations… : l’Europe éclate en silence : Politiquement chaud



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L’Europe, tous - droite, gauche, extrêmes - ont aimé lui taper dessus ; on pourrait très vite la regretter. La vitesse avec laquelle la plus belle construction politique de l’après-guerre menace de s’effondrer fait froid dans le dos.(Dessin Emmanuel Chaunu)


  • Crise agricole : depuis la réforme de la Pac et la disparition des amortisseurs de crise (quotas, stockage…), voulues par les pays les plus libéraux, la moindre surproduction de lait ou de porc provoque un effondrement des cours.
Privée d’alliés depuis des années, la France ne parvient plus à faire entendre sa voix, sauf quand les agriculteurs se suicident ou bloquent les routes.

  • Crise migratoire : Manuel Valls, à Munich, met les pieds dans le plat et se désolidarise d’Angela Merkel. L’Europe, dit-il par crainte d’alimenter les extrêmes (la France n’accueille pourtant que 30 000 réfugiés), ne peut pas accueillir tous les migrants. Il aurait pu ajouter : et la France ne peut pas supporter toutes les dépenses militaires contre Daech pour le compte de l’Europe.
Les pays les plus exposés, la Grèce notamment, ne tiendront pas longtemps. De nouvelles vagues migratoires se préparent en Syrie et en Libye. L’Europe et la France sont directement concernées par la poudrière libanaise. La montée des tensions dans les Balkans et la vraisemblance d’une installation de Daech font redouter le pire.

  • Crise politique : les Etats européens ont tellement peur que la Grande-Bretagne sorte de l’UE qu’ils n’osent même pas taper du poing sur la table dans le marchandage qu’impose Londres ou pour trouver une solution à la jungle de Calais.
Ils n’ont d’ailleurs pas tort : parions que si Londres quittait l’Union, aussitôt, d’autres référendums seraient organisés, notamment dans les pays qui se nourrissent pourtant de la solidarité européenne, la Pologne et quelques autres.

  • Dumping fiscal : on s’étonne qu’Ikéa réussisse à s’éviter un milliard d’impôt en faisant de « l’optimisation » fiscale. Mais Ikéa n’est que le dernier d’une longue liste permise par les taux que proposent l’Irlande, les Pays-Bas ou le Luxembourg. On pourrait de la même manière s’étonner que le Portugal offre des ponts d’or fiscaux aux retraités qui veulent y investir.
L’OCDE estime à 210 milliards le manque à gagner pour les caisses des Etats qui la composent. Environ 1000 milliards de bénéfices européens se balladent dans les paradis, privant les Etats de dizaines de milliards de recettes qui seraient bien utiles pour éviter les crises agricoles, ou pour financer les actions contre Daech !

  • Chaque jour, l’actualité nous démontre qu’il n’y a plus que les forces centrifuges qui sont à l’œuvre. Les Etats européens, parce qu’ils n’ont de visions que nationales, ont réussi à faire détester l’Europe et à nourrir les nationalismes de ses échecs.
Leurs dirigeants, depuis dix ou quinze ans, sont directement responsables de sa déconstruction. Sans diplomatie, sans défense, sans projets économiques ou industriels, sans politique agricole et migratoire, sans harmonisation sociale et fiscale, sans budget, l’Europe se lézarde. Ses dirigeants n’ont ni la vision, ni l’assise – Angela Merkel et François Hollande sont bien trop impuissants – pour décréter l’état d’urgence et éviter son éclatement. L’Europe est d’abord faible  de la faiblesse de ceux qui la constituent.

Article de Michel Urvoy pour Ouest France

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