INTERVIEW - Alors que l’exposition "Tatoueurs, tatoués" bat des records de fréquentation au musée du quai Branly, et que le Salon mondial du tatouage se déroule du 6 au 8 mars prochain à la Halle de la Villette, rencontre avec Tin-Tin, organisateur de l'évènement et tatoueur, une pointure du genre installée à Paris.
N’allez pas lui dire que le tatouage, c’est tendance. Tin-Tin n’aime pas les tendances. Ni la mode. A Paris, ce tatoueur est considéré comme une pointure. Grand gaillard, grand rire, grande barbe, Tin-Tin, c’est la démesure. Il prend de la place.
Forcément, lui qui est aujourd’hui président du Syndicat national des artistes tatoueurs s’est construit lui-même. Il a appris le tatouage sur le tas, à 16 ans. A implanté son style, japonisant et coloré. Aujourd’hui, Yannick Noah, Julien Doré ou encore Zazie défilent dans sa boutique mythique, Tin-Tin tatouages, à Pigalle, qui ne désemplit pas. Il est le fondateur du Salon mondial du tatouage, qui se tient du 6 au 8 mars à la Grande Halle de la Villette. Alors, bien obligé, rançon du succès, il doit enquiller les interviews. Et aux questions bien préparées, il préfère partir dans tous les sens. Alors tant pis pour ceux qui essaient de mettre le phénomène en case : Tin-Tin leur rentre dans le lard. On a testé.
Alors, le tatouage, c’est tendance ?
Tin-Tin : Le tatouage, ça n’a jamais arrêté d’être à la mode ! J’ai commencé à en faire en 1984. Depuis 31 ans, on me dit que c’est à la mode. Par définition, la mode est éphémère et ne dure pas plus de six mois.
On a pourtant l’impression que cela se démocratise ?
Cela non plus, ce n’est pas très vrai. Au début, les gens qui faisaient voir leur tatouage, c’étaient les rockeurs, les bandits. Les autres le montraient sans doute moins. Mais on tatouait déjà, des mères de famille, des hommes d’affaires. Aujourd’hui, la clientèle a évolué plus par le nombre de gens touchés. Mais ça touchait déjà toutes les classes de la société.
"Un miroir de la société"
Mais alors, pourquoi se tatoue-t-on ?
Mais on ne peut pas mettre les gens dans des cases ! C’est un miroir de la société. Et les raisons sont aussi variées qu’il y a de personnes. Il y a ceux qui font ça parce qu’ils trouvent ça joli, d’autres pour porter un message. Certains se font tatouer de véritables œuvres d’art, d’autres n’importe quoi, n’importe comment. Mais c’est sans doute un besoin plus primaire et inconscient qu’il n’y paraît, un besoin de parure, de démonstration, pour plaire ne serait-ce qu’à soi-même ou à son entourage. Alors ne cherchez pas de raisons intrinsèques, comme celles qui poussent les populations à se scarifier, à se maquiller. Vous savez pourquoi les femmes occidentales se maquillent, vous ?
Mais le tatouage véhicule tout de même une image de rebelle, hors des normes, non ?
Dans ton esprit peut-être ! Mais cette vision, c’est depuis que les sociétés judéo-chrétiennes ont décidé que ce n’était pas bien de faire des tatouages. Pourtant, aujourd’hui, en Polynésie, c’est un art reconnu à part entière. Là-bas, le ministre de la Culture est tatoué et le montre.
Vous militez pour que le tatouage soit reconnu en France comme un art…
Dans la société française, un tatoueur n’est pas considéré comme un artiste. Il y a des tatoueurs qui vont reproduire exactement le dessin que la personne leur amène. On est d’accord : il n’y a pas beaucoup de créativité là-dedans. Mais de la même manière, le peintre qui va faire votre portrait en recopiant une photo : il n’y a pas de grande création non plus. En fait, beaucoup de tatoueurs ne font que leurs dessins, ont un vrai style. On les reconnaît et on vient les voir pour ce qu’ils savent faire. Là, c’est un art ! Et ça commence à être un peu reconnu : l’exposition "Tatoueurs, tatoués", au musée du quai Branly, bat des records d’affluence et est même prolongée. Cela montre que cette pratique est un art super populaire.
340 tatoueurs pour le Salon
Y a-t-il un style français dans le tatouage ?
Oui, il y a une sorte de french touch, qui a pu influencer une sorte de tatouage inspirée du portrait et du réalisme. Après, il y a de tout, et on est tous les suiveurs d’un autre. C’est comme l’histoire de l’art ou de la musique. Quel guitariste ne s’est pas un peu inspiré de Jimmy Page ?
Et vous, comment définissez-vous votre style ?
A un moment, je faisais un peu de tout, et en vieillissant, on s’arrête sur des styles qui conviennent mieux. Je fais ce que j’ai envie de faire, j’ai la chance de pouvoir choisir. Quand il y a un an de clients d’avance, on peut se permettre de choisir.
Mais alors quelles sont les grandes tendances actuellement dans le tatouage ?
Mais il n’y en a pas ! Cela ne sert à rien de parler de tendance. Il faut aller voir son tatoueur pour ce qu’il sait faire, et juste éviter de faire comme l’autre. Il y a de tout, il y en a partout. Tu savais qu’à Evreux, 50.000 habitants, il y a sept tatoueurs ? Il y en a dans des petits villages où il n’y a même pas de boulangerie. Evidemment, dans tout ça, il y a le meilleur, comme le pire. C’est à chacun de bien se renseigner et ne pas aller n’importe où, ne pas se laisser influencer par le premier truc venu. Et ne pas être trop pressé de se faire tatouer. Tous les bons tatoueurs ont des mois d’attente. C’est plutôt bon signe. Et vu qu’on va garder le dessin toute sa vie, ça vaut le coup d’attendre.
C’est quoi, un beau tatouage pour vous ?
Ce qui me plaît ? C’est aléatoire, il n’y a pas de règles ! Cela dépend de chacun. C’est comme une belle fille : il n’y a pas de définition. Dis, ça avait bien commencé, mais là elles tournent en rond tes questions … Il faut venir au Salon Mondial du tatouage. On aura 340 tatoueurs de ce qui se fait de mieux au monde en matière de tatouage, c’est la plus grosse affluence au monde pour ce genre de salon. C’est un bon moyen pour les néophytes de se faire une idée de ce qui se fait de mieux dans le monde.Le Salon mondial du Tatouage à la Villette du 6 au 8 marsLe Salon mondial du tatouage se déroule du vendredi 6 au dimanche 8 mars à la Grande Halle de la Villette (19e). Détails sur www.mondialdutatouage.com 340 tatoueurs sont attendus, venus de 30 pays différents.
Source : Salon mondial du tatouage à Paris - Tin-Tin : "Le tatouage est un miroir de la société" – metronews
Avis Pimpf :Très bonne interview de Tintin, le tatouage on s'en fout si c'est tendance , ça reste une approche personnelle , ça n'a rien à voir avec un phénomène de mode et de style et cela reste quelque chose que l'on imprime à vie sur la peau, certes on peut l'enlever par laser mais le résultat derrière n'est quand même pas top donc quitte à en faire un autant essayer de partir sur quelque chose qui reste et qui ne choquera pas ( les noms des copines/ copains ou visage des célébrités perso je trouve cela risqué mais ça reste ma vision perso) .
Dans le cas où vous vous poseriez la question je suis moi même tatoué , mon premier remonte il y a de cela 17 ans... depuis j'en ai d'autres dont un en hommage à mon fils car c'est un lien éternel que j'ai avec lui voila .
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