mercredi 20 avril 2016

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Android : ce que reproche Bruxelles à Google, High tech



Article pour Les Echos

La Commission européenne a révélé la liste des griefs qui sont reprochés au géant américain. Revue de détail.

La Commission européenne vient d'ouvrir un nouveau front contre Google . Ce mercredi matin, Bruxelles a révélé la liste des griefs qui sont reprochés au géant américain qui pourrait être amené à débourser jusqu'à près de 7 milliards d'euros d'amende - soit 10% de son chiffre d'affaires - en cas de condamnation. Revue de détail.

Pression sur les fabricants

"Dans ses contrats avec les fabricants, Google a subordonné l'octroi sous licence de Google Play Store pour appareils Android à la préinstallation de Google Search en tant que service de recherche par défaut", fait valoir la Commission européenne dans son communiqué de presse .

Traduction, si les vendeurs de smartphones, faisant fonctionner leur appareil avec Android - le système d'exploitation mobile (OS) du géant américain - veulent pouvoir proposer à leurs clients l'accès au magasin en ligne de Google, ils sont contraints d'embarquer d'office le moteur de recherche de Google.

Une barrière difficilement surmontable pour les moteurs de recherche concurrents à Google et qui peut être considérée comme une entrave à la libre concurrence dans la mesure où Android domine outrageusement le marché mondial des OS.

 
Un règne sans partage
Sur la seule année 2015, ce sont pas moins de 1,16 milliard de smartphones tournant sous Android qui ont été vendus, ce qui a représente 82% du marché. Et cette tendance devrait encore s'accentuer dans les années à venir. En 2017, 1,37 milliard d'appareils fonctionnant avec l'OS de Google devraient trouver preneur, selon le groupe de recherche Gartner. Ce qui représenterait alors une part de marché de 84%.
En outre, "dans ses contrats passés avec des fabricants, Google a également exigé la préinstallation de son navigateur mobile Chrome en contrepartie de l'octroi sous licence de Google Play Store ou de Google Search", ajoute la Commission européenne. Avec les mêmes conséquences pour les navigateurs concurrents à Chrome donc.

La guerre aux forks

"Si un fabricant souhaite préinstaller des applications propriétaires de Google, dont Google Play Store et Google Search, sur n'importe lequel de ses appareils, Google l'oblige à conclure un «accord d'antifragmentation» en vertu duquel il s'engage à ne pas vendre d'appareils fonctionnant sous des forks Android", souligne la Commission européenne.

Petit retour en arrière. Les forks sont des systèmes d'exploitation créés à partir du code source d'Android qui a été ouvert ("Open Source") par Google via l'Android Source Projet (AOSP). Ces OS s'appuient sur le noyau dur d'Android mais des surcouches logicielles peuvent ensuite y être superposées.

« Dans un premier temps, ces customisations concernaient essentiellement des éléments annexes tels que l'interface (...) Mais progressivement, certains se sont concentrés sur l'écosystème d'applications, ce qui a parfois transformé la relation avec Google en affrontement », exposait Vincent Teulade, spécialiste des télécoms chez PwC, aux "Echos" l'an dernier.

 
Un danger double pour Google. "D'une part, au niveau de la publicité, moins d'utilisateurs passeraient alors par ses services de recherche (...) D'autre part, au niveau de l'achat d'applications car moins d'utilisateurs se serviraient alors de Google Play Store.", détaillait alors Jérôme Colin - spécialiste des questions télécoms, média et Internet au sein du cabinet de conseil Roland Berger - aux "Echos".

Conscient de la menace, Google avait levé le ton contre Acer dès 2012. La firme de Mountain View avait fait pression sur le groupe taïwanais pour que celui-ci renonce à lancer l'un de ses smartphones avec Alyun (un fork mis au point par le géant chinois Alibaba), sous peine de rompre leurs accords de licences.

Acer aurait alors dû tirer un trait sur Android, ainsi que sur les applications-phares ("killers apps") appartenant à Google, (YouTube, Gmail, etc), dont souhaitent bénéficier les utilisateurs avec leurs smartphones. C'est la raison pour laquelle le fabricant avait fait machine arrière.

« En rejoignant l'Open Handset Alliance, (ndlr : un consortium créé en 2007 auquel ont adhéré de nombreux grands fabricants et géants des télécoms et qui a débouché sur la création d'Android), chaque membre doit contribuer à construire une plate-forme Android et pas un tas de versions incompatibles », s'était justifié le géant américain à l'époque.

La Commission européenne a, elle, une autre interprétation de ces agissements : "Par son comportement, Google a empêché les fabricants de vendre des appareils mobiles intelligents fonctionnant sous un fork Android concurrent susceptible de devenir une alternative crédible au système d'exploitation Android de Google", avance-t-elle ce mercredi.

Des incitations financières importantes

"Google a accordé des incitations financières importantes à certains des plus gros fabricants de téléphones intelligents et de tablettes ainsi qu'à des opérateurs de réseaux mobiles, à la condition qu'ils préinstallent exclusivement Google Search sur leurs appareils", fait aussi valoir la Commission européenne ce mercredi.

"La Commission dispose (...) d'éléments prouvant que la clause d'exclusivité avait une incidence sur la préinstallation ou non des services de recherche concurrents par certains fabricants d'appareils et certains opérateurs de réseaux mobiles", précise-t-elle.

Pour mémoire, Google dénonce chaque volet de ce réquisitoire. Le groupe américain insiste notamment sur le fait que chacun est libre de réorganiser son téléphone comme il l’entend, et d’y télécharger les applications de son choix.

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