COMPTAGE - "Ça peut paraître naïf, mais c'est une préoccupation majeure de l'Humanité !" La Fabrique Spinoza, institut spécialisé dans les recherches sur le bonheur, publie ce vendredi son premier sondage déterminant l'Indicateur trimestriel du Bonheur des Français, ou "PIB du bonheur". Un indicateur qui vise à donner un autre éclairage des Français, en se basant sur leur ressenti. Victor Ferreira, un des porteurs du projet, nous explique tout ça.
Article de
SIBYLLE LAURENT pour MetroNews
Les Français sont-ils heureux ? Et bien… moyennement. 56% seulement répondent par l'affirmative à cette question. Comment sait-on ça ? Pour la première fois, a été publié ce vendredi l'Indicateur trimestriel du bonheur des Français (ITBF), qui vise à mesurer le bonheur des Français. Il a été mis en place par la Fabrique Spinoza, un think-thank qui réfléchit sur la pratique du bonheur. Victor Ferreira, chef d'entreprise et un des pilotes de l'opération, décrypte ça.
► Pourquoi cet indicateur ?
D'abord, pour combler un manque. Et donner un contre-pied aux indicateurs sacro-saints de la croissance et de l'économie. "Aujourd'hui, tout est construit autour de deux indicateurs", indique Victor Ferreira. "Le taux de chômage, et la croissance via le PIB. Ce sont des indicateurs intéressants, mais qui ont leurs limites". Car pour la Fabrique Spinoza, en réalité, ce qui est vraiment intéressant est "de compter ce qui compte vraiment", c’est-à-dire plutôt la façon dont les gens vivent les choses, leur ressenti.
Ce projet d'ITBF est dans les cartons depuis deux ans. Mais il a fallu, avant de lancer la machine, s'appuyer sur un vrai travail de fond. Pour ce sondage, 47 questions ont été rédigées, axées sur des données objectives, mais aussi le ressenti personnel, le cadre de vie, la façon de traiter la réalité. "On s'est appuyée sur des bases scientifiques, et les nombreux travaux sur le bonheur". Le test a été soumis à 1 0001 Français, âgés de plus de 18 ans, et effectué début avril.
► Quels sont les principaux résultats ?
"On a eu de vraies surprises, des résultats qui interpellent", indique Victor Ferreira. Premier constat : les Français ne sont pas si heureux que cela (56%). Pire : 18% disent être "vraiment malheureux". Qu'est-ce qui rend les gens plus ou moins heureux ? En fait, ça dépend selon le revenu, le sexe, l'âge, le ressenti sur le sommeil ou les relations sociales… Il apparaît ainsi que vous êtes plus heureux si vous êtes retraités, si vous avez des revenus corrects, si vous êtes cadre ou agriculteur, et même… si vous n'habitez sans le Sud-Ouest. Par contre, mieux vaut ne pas être inactifs, les étudiants, avoir de faibles revenus, ou même… habiter le Nord-Est.
Autre enseignement, l'ITBF montre que les Français sont inquiets, pour leur emploi ou leurs proches (52%), se sentent moyennement en sécurité (50%), ne sont pas ouverts sur les autres, et estiment ne pas faire confiance à la plupart des gens (2/3), ne s'engagent que très modérément dans la société (41%), expriment peu de gratitude (30%). "Il y a un fort repli sur soi, induit par une vraie perte de confiance, en soi et dans l'avenir, un manque d'espoir très marqué, c'est impressionnant", commente Victor Ferreira. Bref, les Français ressassent, regardant le passé avec regret (51%), envisagent l'avenir avec pessimisme (60%).
► Tout est si noir que cela ?
Attention, il y a aussi des éléments positifs. "Plus on se rapproche des questions liées au quotidien, comme le logement, les relations sociales, la vie qu'ils ont, plus les gens sont satisfaits", indique Victor Ferreira Ainsi, 71% des sondés apprécient leur lien social de proximité. Une sorte de cocon, pour se mettre à l'abri de la sphère publique ? Peut-être…
► Mais alors, comment se sortir de ce marasme ?
Les enseignements du sondage permettent de dégager des pistes d'actions. "On voit par exemple que les gens sont nombreux à ressentir un manque de liberté personnelle (43%), à avoir le sentiment qu'ils ne sont pas maîtres de leur vie, qu'ils ont très peu de temps pour eux. Or, plus vous avez le sentiment de faire ce que vous voulez de votre vie, plus c'est "Wouahou !"", décrypte Victor Ferreira. "Cela a un effet sur le bonheur plus important que l'argent".
Le culte du malheur des Français provient aussi d'éléments culturels, comme l'éducation. "Notre système éducatif met la pression sur les résultats scolaires, mais n'a pas pour ambition de favoriser le bien-être des enfants", déplore Victor Ferreira. "Cela peut-être l'objet de politiques publiques ciblées." Pour le chef d'entreprise, la "positive attitude" passe aussi par les médias : "Il faut que les médias valorisent les démarches positives. Des succès comme le documentaire Demain montrent que les Français aspirent à de l'espoir". Tout n'est pas perdu, donc.
► Y-a-t-il un lien entre le bonheur et la politique ?
Ce n'est pas une question du bac de philo, mais c'est tout comme. Et on a la réponse. Il y a bel et bien un enjeu politique, comme le montre un autre enseignement du sondage : les sympathisants du FN sont "plus malheureux" (5,7 sur 10) que ceux des autres formations (entre 6,1 et 6,2). "Qui est la poule ou l'œuf ? C'est difficile à dire, mais montre une corrélation entre le bonheur et la politique", estime Victor Ferreira. D'ailleurs, 72% des sondés veulent que le bonheur des Français doit être une préoccupation des hommes politique. "C'est énorme", estime le chef d'entreprise. "Le bonheur est souvent ressenti comme intime, les politiques ne veulent pas s'en préoccuper. Pourtant, le sujet peut paraître naïf mais est une préoccupation majeure des gens… et de l'Humanité !"
D'abord, pour combler un manque. Et donner un contre-pied aux indicateurs sacro-saints de la croissance et de l'économie. "Aujourd'hui, tout est construit autour de deux indicateurs", indique Victor Ferreira. "Le taux de chômage, et la croissance via le PIB. Ce sont des indicateurs intéressants, mais qui ont leurs limites". Car pour la Fabrique Spinoza, en réalité, ce qui est vraiment intéressant est "de compter ce qui compte vraiment", c’est-à-dire plutôt la façon dont les gens vivent les choses, leur ressenti.
Ce projet d'ITBF est dans les cartons depuis deux ans. Mais il a fallu, avant de lancer la machine, s'appuyer sur un vrai travail de fond. Pour ce sondage, 47 questions ont été rédigées, axées sur des données objectives, mais aussi le ressenti personnel, le cadre de vie, la façon de traiter la réalité. "On s'est appuyée sur des bases scientifiques, et les nombreux travaux sur le bonheur". Le test a été soumis à 1 0001 Français, âgés de plus de 18 ans, et effectué début avril.
► Quels sont les principaux résultats ?
"On a eu de vraies surprises, des résultats qui interpellent", indique Victor Ferreira. Premier constat : les Français ne sont pas si heureux que cela (56%). Pire : 18% disent être "vraiment malheureux". Qu'est-ce qui rend les gens plus ou moins heureux ? En fait, ça dépend selon le revenu, le sexe, l'âge, le ressenti sur le sommeil ou les relations sociales… Il apparaît ainsi que vous êtes plus heureux si vous êtes retraités, si vous avez des revenus corrects, si vous êtes cadre ou agriculteur, et même… si vous n'habitez sans le Sud-Ouest. Par contre, mieux vaut ne pas être inactifs, les étudiants, avoir de faibles revenus, ou même… habiter le Nord-Est.
Autre enseignement, l'ITBF montre que les Français sont inquiets, pour leur emploi ou leurs proches (52%), se sentent moyennement en sécurité (50%), ne sont pas ouverts sur les autres, et estiment ne pas faire confiance à la plupart des gens (2/3), ne s'engagent que très modérément dans la société (41%), expriment peu de gratitude (30%). "Il y a un fort repli sur soi, induit par une vraie perte de confiance, en soi et dans l'avenir, un manque d'espoir très marqué, c'est impressionnant", commente Victor Ferreira. Bref, les Français ressassent, regardant le passé avec regret (51%), envisagent l'avenir avec pessimisme (60%).
► Tout est si noir que cela ?
Attention, il y a aussi des éléments positifs. "Plus on se rapproche des questions liées au quotidien, comme le logement, les relations sociales, la vie qu'ils ont, plus les gens sont satisfaits", indique Victor Ferreira Ainsi, 71% des sondés apprécient leur lien social de proximité. Une sorte de cocon, pour se mettre à l'abri de la sphère publique ? Peut-être…
► Mais alors, comment se sortir de ce marasme ?
Les enseignements du sondage permettent de dégager des pistes d'actions. "On voit par exemple que les gens sont nombreux à ressentir un manque de liberté personnelle (43%), à avoir le sentiment qu'ils ne sont pas maîtres de leur vie, qu'ils ont très peu de temps pour eux. Or, plus vous avez le sentiment de faire ce que vous voulez de votre vie, plus c'est "Wouahou !"", décrypte Victor Ferreira. "Cela a un effet sur le bonheur plus important que l'argent".
Le culte du malheur des Français provient aussi d'éléments culturels, comme l'éducation. "Notre système éducatif met la pression sur les résultats scolaires, mais n'a pas pour ambition de favoriser le bien-être des enfants", déplore Victor Ferreira. "Cela peut-être l'objet de politiques publiques ciblées." Pour le chef d'entreprise, la "positive attitude" passe aussi par les médias : "Il faut que les médias valorisent les démarches positives. Des succès comme le documentaire Demain montrent que les Français aspirent à de l'espoir". Tout n'est pas perdu, donc.
► Y-a-t-il un lien entre le bonheur et la politique ?
Ce n'est pas une question du bac de philo, mais c'est tout comme. Et on a la réponse. Il y a bel et bien un enjeu politique, comme le montre un autre enseignement du sondage : les sympathisants du FN sont "plus malheureux" (5,7 sur 10) que ceux des autres formations (entre 6,1 et 6,2). "Qui est la poule ou l'œuf ? C'est difficile à dire, mais montre une corrélation entre le bonheur et la politique", estime Victor Ferreira. D'ailleurs, 72% des sondés veulent que le bonheur des Français doit être une préoccupation des hommes politique. "C'est énorme", estime le chef d'entreprise. "Le bonheur est souvent ressenti comme intime, les politiques ne veulent pas s'en préoccuper. Pourtant, le sujet peut paraître naïf mais est une préoccupation majeure des gens… et de l'Humanité !"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire