jeudi 12 mai 2016

20160512 - News : Ces parents accros aux smartphones qui engendrent sans s’en rendre compte une génération d’enfants incapables de tenir une vraie conversation | Atlantico.fr

Ces parents accros aux smartphones qui engendrent sans s’en rendre compte une génération d’enfants incapables de tenir une vraie conversation | Atlantico.fr



Atlantico : Quelles peuvent être les conséquences de cette addiction des parents aux smartphones sur leurs enfants (manque de sociabilité, d'interaction parent-enfant, addiction au smartphone, illettrisme etc…) ?

Dan Véléa : La grande majorité des utilisateurs de smartphone ou d’Internet s’en servent beaucoup trop ou de la mauvaise façon, ce qui peut conduire à une addiction. Cela induit chez des parents une déconnexion, avec comme conséquence un retard de développement ou un mimétisme chez les jeunes enfants. C’est-à-dire qu’ils vont forcément imiter ce que leur père ou leur mère fait sur son smartphone ou sur sa tablette et sa façon de communiquer. Un enfant avec qui on ne dialogue pas de manière saine va manquer de liens avec ses parents, sera en retard dans l'élaboration d’une conversation.
 
Il sera lui-même à l’écart de ses camarades car il n’aura pas acquis les outils pour maintenir une conversation et les rudiments de l’expression. Il discutera bien souvent de la même manière qu’il le fait par sms, avec des réponses brèves et peu construites.

Comment expliquer ce phénomène d'addiction aux smartphones des parents au détriment de l'éducation des enfants ?

C’est un phénomène très simple dans la mesure où, dans la société actuelle, la plupart de nos communications se font forcément via un outil électronique comme le sms ou le mail. Le rejet de la frustration, de l’ennui et de l’attente pousse à donner une réponse immédiate à son interlocuteur, que l’on se trouve dans les transports ou même dans un repas de famille par exemple. Dans ce dernier cas, la discussion est bien souvent coupée net lorsqu’une notification comme Facebook, Twitter s’affiche. Certains sont complètement déconnectés de la réalité et de leur rapport à l’autre, à ceux qui leur font face. Une société hyper connectée nous coupe des liens réels et remplace la simplicité d’une discussion, d’un tête-à-tête, par une discussion par sms. C’est le cas dans de nombreuses familles, où tout les membres, parents comme enfants, ont souvent le nez dans leur écran et communiquent donc très peu.

Est-ce que ce phénomène d'addictions aux smartphones au détriment de l'éducation des enfants se multiplie ?

 
Les jeunes parents sont les plus concernés par la peur de perdre leurs copains, leurs amis, le groupe auquel ils appartiennent lorsqu’ils ne sont pas connectés. Le fait de ne pas pouvoir se brancher et de communiquer va créer quelque chose de terrible chez eux. Ils peuvent mettre de coté leurs enfants et leur famille car ils auront perdu leur liberté d’agir sans se connecter. Et ce mimétisme des enfants, comme mentionné plus tôt, les pousse à imiter les comportements sur-connectés de leurs parents, ce qui fait qu’ils risquent à leur tour, de transmettre cela à leurs enfants.

Les déclinaisons de cette forme d'addictions des parents (addiction à l'ordinateur, jeux vidéo, etc) sont-elles similaires ?

C’est exactement le même phénomène chez une personne passant beaucoup trop de temps devant l’ordinateur ou devant un jeu vidéo par exemple. Un “no life” aura tendance à être totalement enfermé dans son univers et déconnecté de la réalité, de son rapport à la famille et à ses enfants.

Comment faire pour recréer un lien sain et bénéfique entre ces parents drogués aux smartphones et ces enfants qui risquent de ne pas être habitués à la vie en société ?

Bien souvent, un parent souhaitant consulter un spécialiste à cause de la surexposition de son enfant à un écran pourra prendre conscience qu’il est en lui-même la cause, et il s’agira de le responsabiliser.
 
Le parent doit se remettre en question car il doit prendre conscience que c’est bien son enfant et non pas lui qui risque de pâtir de cette surexposition aux smartphones. Un enfant a besoin d’échanges, d’un mode de communication normal avec l’adulte pour bien grandir et se développer sainement.
 
Propos recueillis par Thomas Gorriz

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