Faut-il mettre son enfant sur les bancs de l'école alors qu'il prononce à peine ses premiers mots ? La question agite le monde éducatif depuis de nombreuses années. Elle revient sur le devant de la scène cette semaine avec la volonté affichée par Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol, les ministres de l'Education et de la Famille, d'accélérer son développement en France.
L'école dès deux ans, le gouvernement milite plus que jamais pour. Dès décembre 2012 dans une circulaire, il avait appelé à relancer son développement après des années de recul, notamment au nom de la lutte contre les inégalités sociales. Lundi, Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol, qui tenaient une conférence de presse sur le sujet, en ont remis une couche. "Parce que les inégalités qui apparaissent dès les premiers moments de la vie peuvent s’installer pour très longtemps, parce qu’un enfant de 3 ans issu de milieu populaire a trois fois moins de vocabulaire qu’un enfant issu de milieu favorisé, la scolarisation des enfants les plus jeunes est au cœur des préoccupations du gouvernement", peut-on lire dans leur texte annonçant "la mobilisation de tous les acteurs" concernés.
L'objectif affiché par le candidat Hollande d'une scolarisation de 30% des tout-petits à fin 2015 reste toutefois non atteint : Najat Vallaud-Belkacem évoquait en août dernierle chiffre de 11,7% d'enfants de moins de trois ans accueillis l'an dernier dans les maternelles de France, un taux en augmentation "pour la première fois depuis plus de dix ans" (900 classes spécifiques nouvelles ayant selon elle été créées depuis le début du quinquennat). Un pourcentage plus fort dans l'éducation prioritaire : en REP, 19,3% des enfants de 2 ans sont désormais scolarisés - mais avec de grosses disparités selon les départements.
L'objectif affiché par le candidat Hollande d'une scolarisation de 30% des tout-petits à fin 2015 reste toutefois non atteint : Najat Vallaud-Belkacem évoquait en août dernierle chiffre de 11,7% d'enfants de moins de trois ans accueillis l'an dernier dans les maternelles de France, un taux en augmentation "pour la première fois depuis plus de dix ans" (900 classes spécifiques nouvelles ayant selon elle été créées depuis le début du quinquennat). Un pourcentage plus fort dans l'éducation prioritaire : en REP, 19,3% des enfants de 2 ans sont désormais scolarisés - mais avec de grosses disparités selon les départements.
Une arme contre l'échec scolaire ?
Une volonté politique qui satisfait les associations de parents d'élèves comme la FCPE, mais aussi les syndicats enseignants comme le Snuipp-FSU, même s'il reste très critique sur les moyens qui y sont consacrés. Jointe par metronews, Isabelle Racoffier, institutrice et présidente de l'association des professeurs de maternelle (Ageem), considère elle aussi cette année avant la petite section, qui permet à l'enfant de "donner de la forme à son propre langage" par le biais du jeu ou du dessin, comme une arme contre l'échec scolaire. "Les expériences menées montrent que plus les enfants sont scolarisés jeunes, plus cet apport se maintient au CP et à l'école élémentaire, en particulier dans les milieux très déficitaires au niveau langagier, assure-telle : quand ils entrent en petite section l'année suivante, on voit les grands progrès réalisés en termes de langage et de comportement."
La scolarisation à la sortie du berceau ne fait en revanche pas du tout l'unanimité chez les pédopsychiatres, qui jugent pour beaucoup que le taux d’encadrement et les rythmes de l’école ne sont pas adaptés aux tout-petits. "C'est une question de bon sens, nous explique ainsi la psychologue spécialisée Béatrice Copper-Royer. Avant trois ans, les enfants ont énormément besoin de petits groupes et de référents maternants pas trop dispersés, mais dans ces classes pour tout-petits, ils sont au mieux 25 enfants avec une institutrice et éventuellement une aide maternelle. Pour eux, c'est être jetés dans le grand bain alors qu'ils ne savent pas nager". Si elle estime que cette pré-scolarisation "peut évidemment être bénéfique pour des enfants qui vivent dans un milieu familial très précaire", Béatrice Copper-Royer la juge potentiellement "angoissante pour ceux qui ont une sécurité intérieure un peu fragile". Le débat reste loin d'être tranché.
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