La ministre de la Santé a annoncé lundi la simplification de l'accès à la pilule du lendemain dans les lycées et collèges, une avancée majeure pour la sexualité des adolescents.
Plus besoin d’être en situation de «détresse» pour se faire délivrer la pilule du lendemain dans les collèges et lycées. La nouvelle a été inscrite au Journal officiel samedi, et permet désormais de «réduire les délais d’accès» mais aussi de «faciliter le recours» à cette pilule, a expliqué lundi la ministre de la Santé, Marisol Touraine, dans un communiqué.
Le personnel médical scolaire pouvait d’ores et déjà fournir un contraceptif, mais la grande nouveauté, c’est la suppression de la notion de détresse pour l’obtenir. «C’est primordial car cela rend plus légitime la prise de la contraception», assure Véronique Séhier, coprésidente du Planning familial. «Ceux qui la demandent n’ont désormais plus besoin de se justifier.» L’infirmier pouvait, jusque-là, refuser de donner un contraceptif à un élève s’il n’en avait pas envie, ou lui poser des questions sur les raisons de cette prise soudaine pour savoir s’il était vraiment en«détresse». De quoi déstabiliser, voire culpabiliser, rapidement les jeunes souvent gênés face aux professionnels. Pour Véronique Séhier, «il faut arrêter d’avoir un regard culpabilisant sur la sexualité des jeunes mais adopter une approche positive sur le sujet». Selon elle, c’est, entre autres, ce qui bloque aujourd’hui la discussion avec les adolescents.
«Peur d’aller chercher un contraceptif dans leur établissement»
L’infirmier de l’établissement sera toujours chargé de donner et d’informer l’élève sur la prise de cette pilule, reste à savoir si c’est dans son lycée ou son collège que le mineur se rendra pour la prendre. «On entend des jeunes dire qu’ils ont peur d’aller chercher un contraceptif dans leur collège ou lycée, ils pensent que les responsables pourraient téléphoner à leurs parents», raconte Véronique Séhier. Sans compter que les camarades de classe et les professeurs ne sont jamais loin dans un établissement, ce qui peut effrayer plus d’un élève. «Il faut savoir que ça ne se passe pas comme ça, l’infirmier est tenu au secret professionnel et ne dira rien», précise la coprésidente du Planning familial. Elle ajoute que cet a priori varie d’un lieu à un autre : «Je connais des infirmiers très sollicités sur le sujet, bien sûr d’autres ne le sont pas du tout.»
Pour Véronique Séhier, la grande force de cette nouvelle mesure est qu’elle multiplie les lieux d’accès à la contraception, et à la sexualité :«Nos centres ne sont pas accessibles partout sur le territoire, il faut que les jeunes aient accès à la contraception par le biais de professionnels quand le Planning familial est éloigné.» Mais même cet apport considérable ne peut pas remplacer l’éducation à la sexualité, laissée trop souvent de côté dans les établissements. «La loi de 2001 [relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, ndlr] stipule pourtant que les élèves doivent recevoir une éducation sexuelle ! C’est par là qu’il faut commencer, et ne pas seulement leur parler des risques, mais avoir une approche globale qui pourrait aussi aborder l’égalité entre les sexes et les différentes sexualités existantes», rappelle Véronique Séhier.
Selon elle, avant de former les élèves, il faut s’occuper de la formation des enseignants chargés de communiquer avec eux à ce propos, mais également des pharmaciens et de toute personne qui doit parler de sexualité avec les jeunes. «Il y a tout un travail à faire sur l’accueil des jeunes et la façon dont il faut appréhender leurs problèmes», au risque de saper leur confiance alors qu’ils «font la démarche de venir nous voir pour demander de l’aide.»
Numéro vert «sexualités, contraception, IVG» : 0800 08 11 11
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire