mercredi 1 juin 2016

Sandra, fière d’élever seule ses enfants - La Parisienne

Sandra, fière d’élever seule ses enfants - La Parisienne




Cazilhac (Aude), hier. Sandra, 41 ans, élève seule sa fille, Lana, 8 ans, et ses deux fils, Lucas, 17 ans et Mathis, 16 ans. Bien qu’elle reconnaisse que la vie de mère célibataire n’a pas toujours été facile, elle « assume complètement cette situation et ses choix de vie ». (LP/Rémy Gabalda.)
« Ce n’est pas évident tous les jours, mais je suis super fière de ce que j’ai accompli. » Sandra Mijoule fait partie des 2,6 millions de familles monoparentales en France. Cette maman dynamique de 41 ans, qui élève seule ses trois enfants, « assume complètement cette situation et ses choix de vie ».

D’ailleurs, selon les résultats d’une enquête d’Uniparent — un tout nouveau réseau social dédié à la monoparentalité — que nous vous révélons, comme Sandra, 82 % des parents se disent fiers d’élever seuls leurs enfants. « Ce chiffre n’est pas vraiment surprenant, analyse Marie-Thérèse Letablier, sociologue chercheure au CNRS. Les mères (NDLR : qui représentent 87 % des parents isolés) peuvent se sentir soulagées après une séparation qui, souvent, est conflictuelle, difficile à vivre, et donc elles revendiquent leur capacité à élever seules leurs enfants. Mais elles connaissent aussi des moments délicats. » Selon l’étude Uniparent, 25 % des parents se déclarent en difficulté.





Sandra le dit elle-même : « La vie de mère célibataire n’a pas toujours été facile. » Surtout quand elle a décidé de quitter son premier mari et la Côte d’Azur, direction Carcassonne (Aude). « J’avais déjà deux garçons, Lucas, aujourd’hui âgé de 17 ans, et Mathis, 16 ans. En déménageant, j’ai perdu mes amis, je n’avais pas de travail, et plus aucun lien social. » Puis d’ajouter : « Le soir, je me sentais très seule, je n’avais personne à qui parler quand les enfants étaient couchés. »





Viendra, quelques années plus tard, d’une deuxième union, sa fille Lana, 8 ans. « Il y a trois ans, j’ai à nouveau divorcé, mais cette fois j’ai vécu complètement différemment ma monoparentalité. » Sandra est d’abord devenue agent administratif dans l’Education nationale, pour gérer les salaires des professeurs, puis elle a acheté une maison, il y a un an, à Cazilhac, un petit village à une dizaine de minutes de Carcassonne.





« Je gagne 1 600 € par mois. Ce n’est pas énorme mais, avec les pensions alimentaires, j’arrive à vivre confortablement. » D’ailleurs, la mère de famille n’a jamais eu le sentiment de sacrifier ses activités, malgré la maladie de Lana, qui est dysphasique (pathologie qui entraîne un trouble de l’apprentissage et du développement de la parole) et les nombreux rendez-vous chez l’orthophoniste.





« En ce moment, je prends beaucoup de temps pour moi, trop peut-être, s’amuse la maman. Je fais du sport, je vais au cinéma, au restaurant, je fais des travaux chez moi, car mes deux garçons sont grands et ils peuvent garder Lana. » Mais Sandra est consciente d’avoir de la chance. Selon l’enquête Uniparent, seules 10 % des familles monoparentales « ne s’imposent pas de restriction ».





Des parents qui se sentent fatigués



L’étude réalisée par Uniparent*, un nouveau réseau social destiné à l’entraide entre familles monoparentales, auprès de 900 personnes, révèle que les sentiments positifs l’emportent nettement. Ainsi, 82 % des parents sont fiers d’élever seuls leurs enfants : c’est « beaucoup mieux que deux parents qui se disputent » (87 %), sans doute parce qu’« on n’a pas à discuter de tout » (68 %) et que c’est « plus facile de transmettre sa culture » (83 %). Mais, paradoxalement, les contraintes de la monoparentalité sont évidentes : 54 % des sondés déclarent avoir « peur d’être trop fatigués », de ne « jamais avoir le temps de rien » (50 %). « L’aspect manque de temps est d’ailleurs beaucoup plus marqué et mis en avant chez les familles monoparentales que chez les autres », commente Frédéric Chateau, fondateur de l’institut Corporate Studio qui a mené l’enquête. Et donc les parents ont le sentiment de sacrifier les dépenses destinées à leurs activités personnelles : « 75 % des monoparents s’imposent des restrictions budgétaires pour les sorties et les restaurants, contre 54 % pour la population de plus de 18 ans », précise le statisticien. Par ailleurs, parmi les parents en difficulté (25 %), 82 % se sentent isolés (50 % sur l’ensemble), et 79 % ont « du mal à voir des amis et entretenir une vie sociale » (48 % pour tout l’échantillon). « Ces résultats indiquent que les parents isolés qui ont l’impression de consacrer tout leur temps libre à leurs enfants sont ceux qui vivent le moins bien leur monoparentalité », conclut Jean-François Pellé, président de l’association Uniparent.

* www.uniparent.com.

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